vendredi 28 janvier 2011

Qui a tué Sexy Cora ?

Christine et Miamarou avaient relayé l'info sous le titre de la première "Vomir, puis frapper": une jeune femme "actrice" de films pornos, Sexy Cora, est décédée le 20 janvier dernier lors de sa sixième opération mammaire.

Elle avait 23 ans.

L'affaire et tout ce qu'elle a de glauque, comme ce concours de fellation pendant lequel elle s'est évanouie à la 74ème (sur les 200 prévues par son producteur-proxénète), est relatée assez honnêtement (mais sans plus non plus) sur LePost.

Il est peut-être temps de dire la vérité sur cette macabre industrie et ses consommateuRs. Sur tous ceux qui sont coupables de sa mort: des spectateurs complices aux producteurs esclavagistes en passant par les médias complaisants et les chirurgiens sans éthique. TOUS. Dire comment des hommes tuent des jeunes femmes ici, aujourd'hui, pour assouvir tout en les conjuguant leur deux penchants: le fric et la misogynie. Dire la vérité comme l'a fait Cécile en commentant l'article de Christine:

"Après avoir parcouru l'article d'Isabelle Torrente, je ne peux que m'étonner d'une telle naïveté... les gens qui regardent les films "gonzo" savent parfaitement à quoi s'en tenir sur le sort des "actrices" et c'est justement ça qui les excite.



Assez d'hypocrisie, merde ! Marre de ces conneries "il y a le bon porno et le mauvais porno" (Cf le bon chasseur et le mauvais chasseur), c'est n'importe quoi, il est évident que les filles qui "choisissent" ce "métier" n'ont en fait qu'un choix très limité pour tout un tas de raisons, dont la toxicomanie qui n'est pas des moindres.


Maintenant, parlons un peu de la responsabilité des médias mainstream, quand on voit sur les plateaux TV des "stars" du porno (dont le nom sera oublié dans 1 mois max), présentées comme des nanas cool, bien dans leur peau et pleines de fric, faut pas s'étonner ensuite que l'idée selon laquelle il s'agit d'une "carrière" librement choisie fasse petit à petit son chemin dans les mentalités : du moment qu'il y a du fric à se faire, tout est bon : dealer, dealer des armes, dealer des gosses, dealer des culs, dealer tout ce qui se vend à n'importe quel prix et à n'importe qui."

dimanche 23 janvier 2011

Proies

Sur ma page d'accueil Orange, il y a sur la droite un encart avec les "actus du jour". En images et au nombre invariable de trois. En général, la première reprend l'actualité "sérieuse", la seconde les dernières nouvelles du foot et la troisième est consacrée aux people et à la "culture".

Hier, les actus du jour étaient consacrées à la jeune Laëtitia dont l'agresseur présumé est entendu et du film "Le dernier exorcisme" qui sort en DVD apparemment. Euh ... pour le foot, j'avoue, je ne saurais dire de quoi il était question.

Le film en question, je ne souhaite pas le visionner. J'ai eu ma dose d'angoisse avec celui qui l'a inspiré (j'ai d'ailleurs appris par la suite que la jeune actrice de "L'exorciste" s'était suicidée ... j'aurais pas mieux fait à son âge). Mais pas besoin de perspicacité féminine pour comprendre qu'il est basé sur la possession d'une femme par le diable. Tiens, original. Traquées par un tueur en série, un "déséquilibré" voire par le démon, les femmes, qu'on retienne bien la leçon, sont sans ressources. Le message, outre le fait qu'il est asséné massivement et sans nuance, est archi-violent et destructeur. D'autant plus qu'il semble à la fois inspiré et validé par la réalité.

Effectivement, combien de Laëtitia chaque année ?

Mais j'ai dit: il semble. En effet, c'est bien la culture d'une société qui influe sur ses membres, ses comportements et non l'inverse. La réalité du fait divers n'est là que pour renforcer le message. Le viol, le meurtre gratuit sont des rappels à l'ordre ... dont pourront ensuite s'inspirer les réalisateurs soucieux d'alimenter le fantasme. Et ainsi de suite.

Que les violences aient progressé de 13% en 2010 (7% en 2009) et que les viols connaissent une recrudescence portant le nombre de victimes à 200 par jour en France n'est pas anecdotique. C'est bien lié à l'objettisation des femmes dans notre culture. Alain Bauer, président de l'Observatoire National de la Délinquance, parle de "chosisation" des femmes ajoutant que "la publicité, la pornographie (…) amènent aujourd'hui à se servir des femmes comme de punching balls."

Comme l'affirmait il y a quelques jours l'actrice Marina Foïs sur les ondes radio: "La condition des femmes est caractérisée par le fait qu'elles sont considérées partout comme des proies. Je ne suis pas une victime dans ma vie mais je ne me sens pas exclue de ça." Bien vu et bien dit.




Condition de victime, pugnace malgré tout, qu'elle a incarné avec justesse dans un film bijou passé pratiquement inaperçu:




Les femmes se construisent dans le bancal, l'insécure, l'infériorité avérée. C'est comme ça qu'on les veut, offertes au danger. De la femme-objet à la femme proie, il n'y a qu'un pas, celui du moyen au service de la fin. Comment ne pas le déceler en creux dans les propos d'un autre temps de Natacha Polony, sorte de Zemmour au féminin (et chevelu):

"Ces lignes, messieurs, vous sont donc dédiées. Elles sont un hommage à tout ce que peut être un homme. Elles sont un hommage à la virilité, cette qualité tant décriée, et qui n'est rien d'autre que la confiance qu'un homme peut avoir dans son appartenance à son sexe. Une sorte de certitude rassurante car sereine."

Pour eux, la sérénité.
Pour elles, le reste dont les possessions démoniaques et les psychopathes.


Edit: d'après les recherches de Pierre que je remercie, la jeune actrice de "L'exorciste", Linda Blair, serait toujours vivante. Je me suis fiée à une rumeur qui avait couru à l'époque sans l'avoir vérifiée au préalable. Au temps pour moi ...


lundi 17 janvier 2011

Un petit pas pour l'homme...


Cette vidéo provient d'un nouveau (bien)venu dans la blogosphère féministe abolitionniste, Un petit pas pour l'homme ... Un grand pas pour l'égalité, blog conçu et administré par des hommes qui refusent le sexe tarifé.

Voici leur billet de présentation:

sexe tarifé = sexe imposé = impossible égalité



Allons droit au but !


Nous sommes convaincus qu'il est temps d'en finir avec cet archaïsme qu'est l'achat d'un rapport sexuel.


Le sexe tarifé permet aujourd'hui aux hommes d'obtenir par l'argent ce qu'ils ne peuvent heureusement plus obtenir par la force ou la contrainte : la disponibilité sexuelle des femmes dans un rapport intrinsèquement inégalitaire.


La condamnation du viol, y compris conjugal, et du harcèlement sexuel devraient en toute logique s'accompagner de la condamnation de l'achat d'un rapport sexuel. Car dans le viol, comme dans le harcèlement sexuel, c'est bien la contrainte, l'abus d'une situation d'autorité, autrement dit l'inégalité dans le rapport, qui est condamnée. Or, qui peut prétendre aujourd'hui, dans des sociétés et un monde marqués par des inégalités de plus en plus fortes, que l'argent n'est pas un facteur d'inégalités et de contrainte ?


Faut-il assimiler directement tout achat d'un rapport sexuel à un viol ? Il nous semble que c'est délicat dans la mesure où le viol est caractérisé par le non-consentement de la victime. Or, le client prostitueur pourra toujours arguer que la personne prostituée est, "par définition", consentante, même si ce consentement s'inscrit dans un contexte socio-économique qui permettrait de douter de sa validité.


Quoi qu'il en soit, l'inégalité, la contrainte, et l'unilatéralité du désir demeurent présents dans l'achat d'un rapport sexuel, car le client prostitueur tient en main l'argent dont a besoin la personne prostituée. Même face à unE prostituéE "consentantE", ce qui n'est par ailleurs pas toujours le cas, le client prostitueur exerce toujours, par son argent, un pouvoir sur la personne prostituée.

La seule question qui se pose alors, à notre sens, est la suivante:

Pouvons-nous accepter qu'une personne utilise le pouvoir de l'argent pour obtenir un rapport sexuel caractérisé par l'inégalité et l'unilatéralité du désir ?


Notre réponse est NON, et c'est pourquoi nous proposons d'extraire la sexualité du champ du marché en interdisant l'achat de tout rapport sexuel.


Tel est le petit pas pour l'homme que nous soumettons à nos concitoyenNEs et que nous vous invitons à considérer sur ce blog afin de faire ensemble un grand pas pour l'égalité... et pour la sexualité !

Car vous l'aurez compris, l'interdiction de l'achat d'un rapport sexuel est une entreprise de libération sexuelle visant à une sexualité véritablement libre de toute contrainte, qu'elle soit morale, sociale ou économique.


Autrement dit, faites l'amour, pas votre marché !



Les FREE SEX men

dimanche 16 janvier 2011

L'insoumise




Voix sur le fil, l'une des plus belles de la scène française actuelle, textes soignés et empreints d'une curieuse poésie, Daphné instille à chaque album un peu de joyeuse douceur dans ce monde où la brutalité est érigée en valeur. Artiste d'intérêt public !

L'une de mes préférées, très facile à jouer à la guitare, parle d'un tabou: l'amitié féminine ...


mercredi 12 janvier 2011

Elles soutiennent la campagne contre le viol






Chahla Chafiq, féministe et écrivaine


"Le viol est employé dans les prisons politiques d’Iran comme l’instrument de torture le plus efficace pour briser la résistance des opposant-e-s, les humilier et les anéantir. Voilà le sens profond et la réelle signication du viol là où il se pratique, en prison, en temps de guerre et en paix, au sein de la famille et en dehors : le viol met en scène la volonté sadique de réduire l’autre à l’état d’objet. Les femmes, considérées comme objet par la domination masculine, en sont les principales victimes, et les violeurs les agents en puissance de cette domination. Ils ne reculeront pas tant que la société tolèrera le viol."




Anne-Sophie Chaumier Le Conte, reporter

"Parce qu'il n'est pas l'apanage des cités,


Parce que tout peut basculer un soir dans les beaux quartiers,
Parce que le silence, un temps ami, devient de plus en plus lourd avec les années,


Et parce que seuls les mots permettent enfin d'avancer."




Marie-Ange Le Boulaire, réalisatrice


"Ma vie est devenue un combat lorsque ma route a croisé celle de Patrick Trémeau, violeur en série multirécidiviste. Tout d’abord sept années d’un combat personnel pour me reconstruire, puis depuis dix ans, un combat au service des autres victimes qui n’ont pas encore réussi à transformer leur traumatisme en force. À travers un livre témoignage, j’ai voulu m’adresser directement aux victimes et à leurs proches. En formant les policiers et les gendarmes à l’accueil et l’audition, j’ai élargi mon champ d’action. En réalisant des documentaires, j’ai donné la parole et accompagner de nombreuses victimes. En participant à la commission départementale de Paris d’action contre les violences faites aux femmes, je travaille avec les associations pour une meilleure prise en charge des victimes. En médiatisant mon histoire, j’ai voulu agir pour lutter contre les tabous et améliorer le droit des victimes de viol. Aujourd’hui, je signe le manifeste
« Contre le viol » pour continuer ce combat et faire prendre conscience que le viol est à la fois un crime grave et aussi un véritable fléau de notre société."

Si vous ne l'avez pas encore fait, il est encore temps de


de la campagne nationale contre le viol, initiée par Mix-Cité, Osez Le Féminisme et Collectif Féministe Contre le Viol.

dimanche 9 janvier 2011

Une honnête mais désuète réflexion

François Bégaudeau dans une interview pour Le Monde des Livres:

"Nous sommes boiteux et borgnes, objectivement misogynes. Les femmes, les filles, ne sont pas là, elles sont l'autre qu'il faut conquérir. Ce sont les supports de l'initiation masculine.

J'espère qu'on ne va pas croire que c'est ma misogynie à moi."

N'ayez crainte, monsieur Bégaudeau, il y a bien longtemps que les femmes ont compris qu'il s'agit là de la misogynie de TOUS.

vendredi 7 janvier 2011

Dans la série arnaques et tromperies

Composante incontournable de la vraie nâââture féminine, au même titre que la grâce (mais ça, c'est parce que ceux qui l'affirment ne me connaissent pas), l'intuition a de presque tous temps été attribuée exclusivement aux femmes.

Mais attention, nous nous y trompons pas, cette qualité ne leur est octroyée avec magnanimité uniquement parce ce qu'elle n'en est pas vraiment une ... enfin pas une noble, dans l'acception virile du terme.

En effet, elle relèverait de l'irrationnel, de l'irraisonné, de l'instinctuel. Selon le Petit Robert, il s'agit d'une forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. Rien à voir, non vraiment, avec les froides capacités mentales qui font la grandeur de l'homme qui, lui, est cartésien. Parce qu'une femme, ça ne raisonne pas, ça sent, au mieux ça pressent. Elle a beaucoup d'intuition en affaires, nous donne-t-on en exemple dans le même dictionnaire, je ne l'invente pas !

Pourtant, à bien y regarder, l'intuition est bien le résultat d'une somme de facultés rationnelles, pas de magie là-dessous: 

- observer son environnement et son entourage
- analyser les émotions et comportements dudit entourage
- procéder à des recoupements
- anticiper
- mais aussi s'appuyer sur des expériences antérieures
- émettre enfin ou supputer des conclusions

Pour le coup, vous m'accorderez qu'on est bien plus en face d'une activité complexe que d'un don tombé subitement du ciel au moment précis où on en avait besoin.

Ce sujet très sérieux m'a été inspiré par une scène de Zorro (oui, je sais, fut un temps révolu, j'avais d'autres références culturelles) dans laquelle la copine du Zorro en question tente d'enrayer le duel auquel celui-ci s'apprête à se livrer.
Tu vas perdre, la met-elle en garde.
Comment le sais-tu, s'enquiert-il.
L'intuition féminine, lui réponda-t-elle

Trop magicienne la copine de Zorro: il se fait pathétiquement rayer le minois par son adversaire ...

Dons de voyance, magie noire, lecture divinatoire dans du céleri rémoulade ? Que nenni, elle a juste procédé à quelques observations relevant du bon sens:

- portant habituellement à droite, ce jour-là il l'avait à gauche
- bouille défraîchie des mauvais jours
- pression atmosphérique de plus de 1015 hectopascals, seuil au-dessus duquel il est un peu tout chose, le Zorro
- surtout, il n'avait pas eu le temps de prendre son bol de Chocapic

Cette implacable démonstration prouve bien que la copine de Zorro n'a donc rien d'une voyante habitée de visions divines. s'appuyant sur des faits tangibles et mesurables, elle s'est juste excusée, en invoquant l'intuition féminine pour ne froisser aucun des égos virils en présence, d'être tout simplement perspicace.

En langage féministo-sociologique, on appelle ça la Parade des Dominées: les qualités acquises, à la fois en raison de l'hostilité du milieu dans lequel elles évoluent et de l'altruisme ou empathie qu'elles ont reçues en guise d'éducation, doivent être obligatoirement minimisées aux yeux des dominants, confortés, eux, dès leur plus jeune âge dans l'individualisme compétitif et, reconnaissons-le, assez myope. Quitte à faire passer ces compétences pour des lubies, des inspirations subites liées aux cycles lunaires ... des trucs de filles en gros. 

C'est pourquoi, dans une perspective de fidélité à la réalité du processus ci-dessus disséqué et d'annonce de ma première résolution pour l'année à venir, je militerai désormais, entre autres, pour que celui-ci soit appelé perspicacité féminine.

dimanche 2 janvier 2011

Voeux d'une moustique

Si vous avez l'impression
que vous êtes trop petitE
pour pouvoir changer quelque chose,
essayez donc de dormir avec un moustique
et vous verrez lequel des deux
empêche l'autre de dormir.
(Tenzin Gyatso)


Bonne année à toutes et tous et n'oubliez pas d'empêcher le machisme de dormir sur ses deux oreilles !!!